arbre

Il y a moins d'un siècle, une charpente était très souvent réalisée avec du bois local.

 

Les techniques de transformation manuelle ont permis de valoriser du bois courbe (chêne, châtaigner) et ont donné lieu aux squelettes organiques qui coiffent aujourd'hui encore certaines de nos maisons.

Assembler des pièces courbes demande beaucoup de méthode.

Chaque pièce est référencée dans l'espace au moyen d'axes qui matérialisent deux plans perpendiculaires et permettent de les superposer convenablement sur l'épure ou en situation, afin de « piquer » ou tracer les assemblages avec un fil à plomb. Viendront ensuite la taille et le levage.

Ces charpentes aux qualités mécaniques économiques et esthétiques indiscutables, aujourd'hui délaissées dans le bâtiment conventionnel au profit de constructions plus rapides, sont néanmoins d'un grand intérêt architectural, qu'il s'agisse de restitution fidèle, de création ou d'auto-construction. 

 

Dans ses carnets de voyage, Jules César a décrit la gaule comme un pays couvert d’écailles de bois.

Très utilisé jusqu'à la renaissance, il a été délaissé sous Colbert qui a découragé sa fabrication pour préserver le bois de marine.

Certains bardeaux de France ont aujourd'hui plus de trois cents ans.

Comme pour la charpente, en plaine, on utilise le feuillus : châtaigner, chêne, robinier.

Avec un mètre cube de bois de premier choix, on peut espérer couvrir 4m2 .

C'est une transformation qui gagne à faire partie d'un cycle plus large car elle très vorace et utilise du bois « précieux » utile à la tonnellerie la menuiserie ou l'ébénisterie.

Les étapes 

La cueillette : il se pratiquait souvent à la vielle lune de décembre.

l'évolution actuelle du climat tendrait à le repousser à janvier ou février.

Plus l'arbre est « beau », peu noueux, meilleur sera son rendement.

Le billonnage : Il se pratique en fonction du rythme inter-branche de l'arbre ou du pureau choisi.

La fente : au moyen d'un départoir et d' un maillet, ou d'une fendeuse, on procède le plus souvent à une fente radiale du billot.

Cela permet d'extraire des quartiers de bois très stables qui sont les « blocs capables » de nos futures tuiles.

Le délardage : Après avoir déterminé l'orientation du bardeau on le dégrossit avec une hachette.

Il est généralement galbé, plus épais et légerement plus large en bas qu'en haut.

Le planage : on finit la taille avec une plane sur un banc approprié.

Le perçage : à environ 7cm du haut, on fait au moins deux trous qui permettront de le fixer sans contraintes.

Façonnage : selon le motif désiré on taille le nez du bardeau à la hachette.

La couverture : une couverture en bardeau nécessite un toit à forte pente(au moins 100%).

elle procède par juxtaposition et recouvrement.

Ce dernier est détermine par le pureau (surface découverte du bardeau) qui peut être évolutif sur un même toit en fonction des tailles disponibles ou de la volonté du couvreur.

comme c'est le cas pour un toit de lauze clouée les tailles qui sont dégressives à mesure qu l'on monte vont rendre le toit organique et optimiser le rapport matière/couverture.

Dans le cas du bardeau la ventilation du toit est capitale, elle va lui permettre de sécher convenablement et durer d'autant plus.

Les techniques de pose sont multiples.

Dans le cas présent les bardeaux -de chêne- ont un pureau décroissant et sont fixés par des clous inoxydables dans de grosses lattes de mélèze(10/4) avec des recouvrements longitudinaux comme c'est le cas pour un toit de tuiles plates.

 

 

Le projet Toits de fût

 

"Toits de Fût" a été retenu par la chambre des métiers de Dordogne dans le cadre de l'appel à projet d'innovation 2016.

 

Concept et architecture : toit de fût est un projet architectural renversant qui propose d' utiliser la cave pour couvrir le toit !

D'une barrique noble va naître une « lauze de chêne » aux propriétés physiques et esthétiques singulières que l'on va utiliser comme un bardeau traditionnel. 

Vouée au patrimoine viticole, elle est attractive à bien des égards :  durable, isolante, esthétique et écologique !

Entre architecture et singularité, développement durable et revalorisation, ce projet remet en lumière un objet précieux : le quartier de chêne.

 

Artisanat : Le bardeau ou tavaillon de chêne aujourd'hui peu répandu présente une taille allant de 30 à 50 cm avec un profil conique et galbé dont l'épaisseur varie de 22 à 5 mm.

La « lauze de chêne » dont il est question ici est une douelle de barrique partagée en deux.

Elle se différencie par son aspect massif, environ 4cm, son façonnage issu de la tonnellerie (aspect raboté, vue en plan conique et coupe trapézoïdale) et provient de la fente radiale d'un fût de chêne à merrain dont les qualités sont exceptionnelles.

La réalisation d' une couverture en douelle, inenvisageable à neuf pour des raisons économiques, offre, par ce procédé, une toiture massive et organique proche de la lauze de schiste aveyronnaise.

 

Le bois de brin désigne traditionnellement du châtaigner taillé sur deux faces à l'herminette.

Par extension, nous nommons ainsi le bois « équarri »qui a quatre faces dressées à la hache ou à l'herminette.

C'est généralement un feuillus, du chêne ou du châtaigner s'il est destiné à la charpente, frais ou avec 1 a 2 ans de foret.

Par ce procédé qui aborde l'arbre dans sa dimension organique, on obtient du « bois de fil » et préserve ses qualités mécaniques et esthétiques.

Très intéressant d'un point de vue écologique et architectural, il se prête à l'auto-construction car il est économique et local ainsi qu'aux restaurations minutieuses.